mouette et rails de chemin de fer

NEC 2022, retour sur les annonces

Voici un petit retour sur les annonces du NEC (Numérique En Commun) 2022, l’événement dédié à la médiation numérique.

Des financements de postes

Pour 2023, les postes de CNFS seront financés (72 millions d’euros en tout). Plusieurs questions cependant, est-ce que ce seront les mêmes postes qui seront financés, dans quelles structures, quels départements ? Là encore, depuis le début du dispositif, tout sera décidé d’en haut (l’ANCT, établissement public, propose un schéma au gouvernement). Les postes de CNFS seront aussi doublés, passant de 4000 à 8000 postes.

Un personnage apporte une pièce de puzzle avec le sigle Euro
Image prise sur le site des CNFS sous licence etalab-2.0

Une certaine pérennisation

Le programme de financement des CNFS passe de « exceptionnel », lié au Plan de Relance, à « régulier » avec un budget garanti par l’État. À l’avenir, quels seront les acteurs intégrés dans ce financement ? L’État ne sera pas seul sur cette mission. Il compte sur des collectivités publiques et des co-financements avec des acteurs privés.

Deux mains qui se passent un document à travers un écran de PC portable
Image prise sur le site des CNFS sous licence etalab-2.0

Des inconnues

Les arbitrages budgétaires

L’annonce d’un budget « garanti » par l’État est une bonne chose. Mais cela pose la question sur le montant alloué chaque année à cette mission. Un indice cependant : les domaines d’activité de l’ANCT (établissement public), sous tutelle de différents ministères, la santé, la formation, la culture et les services sociaux, autre que sécurité sociale (source : article de l’ANCT). Cela va être un vrai gloubi-boulga entre ces différents ministères. Ils vont devoir batailler entre leurs différentes priorités (et urgences toutes plus urgentes les unes que les autres compte-tenu du contexte). À suivre, mais je ne suis pas très optimiste sur ce point, surtout qu’il n’y a plus de ministère, ni de secrétariat d’État « numérique » au sein du gouvernement.

2 personnes à table
1er Conseil d’Administration de L’ANCT

Derrière les mots…

La mention d’un terme nouveau « aidants numériques » ajoute -encore- un nouveau terme à un métier déjà pollué par les acronymes et les noms pas forcément compris par tous les acteurs du secteur. Je cite pèle-mèle : médiateur numérique, animateur multimédia (terme ancien mais qu’on retrouve encore), responsable multimédia, conseiller numérique, aidant numérique… Au moins, nous avons été épargnés du terme « aidant digital » (dans le secteur de la santé, ça aurait été assez cocasse).

nuage de mots de la médiation numérique
Nuage de mots, source : CEFEDEM Aura

Plus précisément, le besoin d’inventer un nouveau terme est aussi lié aux financements ou aux cadres de diplômes. Si le CNFS est national (avec un plan relance). Le médiateur numérique tout comme l’animateur multimédia sont liés à un cadre de diplôme dans le secteur de l’animation (REMN) et à des financements locaux (ou anciens contrats aidés). Celui de responsable multimédia au cadre de fonctionnaire territorial (assistant territorial de conservation du patrimoine et des bibliothèques). Quid de l’aidant numérique ? Un bénévole (parfois indemnisé) comme les aidants familiaux ?

Des -gros- trous dans la raquette

La formation

Le ministre n’a pas abordé la formation des CNFS. Outre leur formation initiale (1/3 du REMN, j’en ai déjà parlé ici), les CNFS doivent pouvoir détenir un diplôme (complet) leur permettant de valoriser leurs expériences dans d’autres secteurs d’activités ou pour des postes pérennes. Quid du financement des CCP 2 et 3 ? Quid du financement des actions de formation des nouveaux CNFS ?

gestion de projets

L’accompagnement

L’accompagnement des CNFS est essentiel. Aujourd’hui, il repose essentiellement sur leurs structures accueillantes (collectivités territoriales, associations…). À Lyon, par exemple, c’est la Métropole qui permet cet accompagnement. Le métier des CNFS est un métier complexe à la lisière des métiers de l’accompagnement social avec des situations souvent difficiles à appréhender. Là aussi, des financements spécifiques, tenant compte des spécificités du métier sont nécessaires, car même si la formation initiale permet de voir beaucoup de thématiques, les besoins sont encore importants.

Les contextes spécifiques des structures accueillantes des CNFS, les missions différentes, les compréhensions du métier de médiateur numérique (qui fait de la médiation numérique et pas de l’inclusion numérique), et la future employabilité des CNFS dans d’autres structures me permettent de penser que des actions de « formation complémentaire », entre pairs ou accompagnés par des formateurs, des moments d’échanges réguliers (échanges de pratique, analyses de pratique…) sont nécessaire. Je me rappelle en formation que certain·es CNFS souhaitaient s’organiser et monter une association pour financer ces actions… à suivre !

Les postes ≠ les personnes

Autre questionnement. Le financement de postes ça parle aux collectivités employeuses. Mais attention à ne pas confondre postes et personnes. Un poste est pérennisé, cela veut juste dire que le financement repose sur une enveloppe dédiée qui n’augmentera pas forcément avec l’ancienneté (par exemple). Le CNFS en poste ne sera peut-être pas reconduit à cause de cette logique. Son poste, au lieu d’être pris en charge à 100% le sera à 90%, voire moins avec le temps. Un exemple assez parlant est celui des AED (Assistants d’Éducation). Leurs postes sont pérennisés, l’Éducation Nationale en a besoin, le ministère a fléché des lignes budgétaires « garanties », mais les contrats publics sont limités à 6 ans. Résultat, vous ne trouverez pas d’AED avec une ancienneté importante, à part les AED dans les écoles privées qui peuvent avoir des contrats pérennes (CDI).

Un atelier au NEC 2022

Source des chiffres annoncés : https://www.banquedesterritoires.fr/les-conseillers-numeriques-france-services-devraient-passer-de-4000-8000-dici-la-fin-du-quinquennat)

One comment

  1. Bonjour,

    Bel article, merci d’avoir pris le temps d’aborder ce sujet.
    Actuellement je suis CNFS en association. On a déjà un statut bancale du fait que les règles pour les associations ne soient pas les même que pour l’Administration (contrats financés pour 18 mois), mais en plus on va être oubliés pour la continuité, vu que pour l’Administration les contrats sont financés pour 2 ans, ils doivent se dire qu’il y a le temps pour pérenniser l’action.

    Du coup, j’ai une petite question.
    Savez vous qui va arbitrer les dossiers de financements des futurs renouvellements de contrats de CNFS? Qui contacter pour reconduire ces financements?
    (ça fait deux questions en fait…)

    Merci encore pour cette article et cette possibilité de s’exprimer.

    Bien cordialement,

    Mickaël CNFS à la Boutique Club Emploi de Tremblay-en-France

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